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  • Élixirs et Exorcismes: Le Guet Royal Protège Paris de la Magie Démoniaque

    Élixirs et Exorcismes: Le Guet Royal Protège Paris de la Magie Démoniaque

    Paris, automne de l’an de grâce 1828. Les lanternes à gaz tremblent, projetant une lumière blafarde sur les pavés glissants de la rue Saint-Honoré. Une brume épaisse, chargée de l’odeur de charbon et des effluves nauséabonds de la Seine, enveloppe la ville comme un linceul. Mais ce soir, l’inquiétude qui étreint les cœurs parisiens dépasse la simple incommodité physique. On murmure des mots terribles, des histoires de pactes impies et de forces obscures qui rôdent dans les ruelles, menaçant la tranquillité de la capitale. Le Guet Royal, vigilant gardien de l’ordre, est sur le qui-vive, mais cette fois, ses épées et ses mousquets semblent dérisoires face à un ennemi invisible, tapi dans l’ombre, un ennemi qui se nourrit de la peur et de la superstition.

    Les rumeurs enflent comme un feu de paille. On parle de disparitions mystérieuses, de corps retrouvés exsangues, portant des marques étranges, des symboles occultes gravés à même la peau. Les gargouilles de Notre-Dame semblent ricaner dans la nuit, et les cloches de Saint-Germain-des-Prés sonnent un glas funèbre qui glace le sang des plus courageux. Le peuple, terrifié, se barricade chez lui, priant pour que le jour se lève et chasse ces ténèbres maléfiques. Mais le jour tarde à venir, et la nuit, elle, semble s’étirer indéfiniment, emplie de murmures sinistres et de présages funestes.

    Le Rapport du Commissaire Valmont

    Dans son bureau austère, éclairé par une unique chandelle, le Commissaire Valmont relit une fois de plus le rapport qui lui a été remis par le Sergent Dubois. Le papier, jauni par le temps et maculé d’encre, tremble légèrement dans ses mains. Il y est question d’une série d’événements inexplicables, survenus ces dernières semaines dans le quartier du Marais. Des témoignages concordants font état de phénomènes étranges : des objets qui lévitent, des voix spectrales, des ombres mouvantes qui se faufilent entre les maisons. Mais le plus troublant, c’est la description d’une créature monstrueuse, aperçue à plusieurs reprises près de la Place des Vosges, une bête hideuse aux yeux rougeoyants et aux griffes acérées, qui semble se nourrir de la terreur qu’elle inspire.

    “Dubois, vous êtes sûr de ce que vous avancez?” demanda Valmont, sa voix rauque brisant le silence de la pièce. Le Sergent, un homme robuste aux traits burinés par le vent et le soleil, hocha la tête avec conviction. “Monsieur le Commissaire, je ne suis pas un homme à me laisser impressionner par des histoires de bonnes femmes. Mais ce que j’ai vu, ce que mes hommes ont vu, dépasse l’entendement. Il ne s’agit pas de simple brigandage ou de querelles de voisinage. Il y a quelque chose de profondément mauvais qui ronge Paris, quelque chose qui ne relève pas de la justice ordinaire.”

    Valmont soupira, passant une main lasse sur son front. Il avait toujours été un homme de raison, un esprit cartésien qui ne croyait qu’aux faits tangibles. Mais les preuves s’accumulaient, les témoignages se multipliaient, et il ne pouvait plus ignorer l’évidence : Paris était bel et bien aux prises avec des forces occultes, des puissances maléfiques qui menaçaient de détruire la ville de l’intérieur.

    L’Herboriste de la Rue du Temple

    Guidés par les indications d’un vieil homme apeuré, Valmont et Dubois se rendent dans une échoppe obscure, nichée au fond d’une ruelle étroite de la Rue du Temple. L’enseigne, à moitié effacée, indique “Herboristerie Saint-Lazare”. L’odeur qui se dégage de l’intérieur est un mélange étrange de plantes séchées, d’épices rares et d’encens exotiques. Un vieillard aux yeux perçants, le visage ridé comme une pomme séchée, est accroupi derrière un comptoir encombré de fioles et de bocaux. C’est Maître Armand, l’herboriste le plus réputé de Paris, un homme que l’on dit capable de guérir les maladies les plus étranges et de conjurer les sorts les plus puissants.

    “Que puis-je faire pour vous, messieurs du Guet?” demanda Maître Armand, sa voix rauque et légèrement tremblante. Valmont lui exposa la situation, lui décrivant les événements étranges qui se déroulaient à Paris et lui demandant s’il pouvait les aider à comprendre ce qui se passait. L’herboriste écouta attentivement, sans l’interrompre. Lorsque Valmont eut terminé, il soupira profondément, comme s’il portait sur ses épaules le poids du monde.

    “Ce que vous me décrivez, messieurs, est grave, très grave. Il s’agit d’une intrusion de forces démoniaques, d’entités maléfiques qui cherchent à s’emparer de notre monde. La seule façon de les combattre est d’utiliser des armes spirituelles, des élixirs et des exorcismes capables de les repousser.” Il se leva, et se dirigea vers une étagère remplie de livres anciens, reliés en cuir. “J’ai étudié ces phénomènes toute ma vie. Je connais les rituels, les incantations et les ingrédients nécessaires pour lutter contre ces créatures. Mais le temps presse, messieurs. Chaque jour qui passe, les ténèbres gagnent du terrain.”

    Le Rituel de la Sainte-Chapelle

    Sur les conseils de Maître Armand, Valmont et Dubois se rendent à la Sainte-Chapelle, un lieu de prière et de recueillement, considéré comme un des points les plus sacrés de Paris. L’herboriste leur a confié un élixir puissant, préparé à partir de plantes rares et de métaux précieux, capable de purifier l’air et de repousser les forces du mal. Il leur a également appris un exorcisme ancien, une incantation latine que l’on dit capable de bannir les démons les plus tenaces.

    Alors que la nuit tombe sur Paris, Valmont et Dubois pénètrent dans la Sainte-Chapelle. L’atmosphère est lourde, chargée d’une tension palpable. Les vitraux, illuminés par la lueur vacillante des chandelles, projettent des ombres étranges sur les murs. Valmont, le cœur battant, verse l’élixir dans un brûle-parfum et récite l’exorcisme, sa voix tremblant légèrement. Au fur et à mesure qu’il prononce les paroles sacrées, l’air se charge d’une énergie étrange, une force invisible qui semble vibrer dans tout le bâtiment. Soudain, un vent glacial se lève, éteignant les chandelles et plongeant la Sainte-Chapelle dans l’obscurité. Un hurlement sinistre retentit, un cri de douleur et de rage qui semble provenir des entrailles de la terre.

    Dubois dégaine son épée et se tient prêt à affronter l’ennemi. Valmont, les yeux rivés sur l’autel, continue de réciter l’exorcisme, sa voix gagnant en assurance. La Sainte-Chapelle tremble, les vitraux se fissurent, et une lumière aveuglante jaillit de l’autel, repoussant les ténèbres et chassant les forces du mal. Le hurlement cesse, le vent se calme, et la lumière revient, révélant la Sainte-Chapelle intacte, purifiée de sa souillure démoniaque.

    La Chasse dans les Catacombes

    Malgré le succès du rituel à la Sainte-Chapelle, Valmont et Dubois savent que le danger n’est pas écarté. Maître Armand leur a révélé que la créature aperçue près de la Place des Vosges n’est qu’un pion, un serviteur d’une puissance plus grande, d’un démon ancien qui se cache dans les profondeurs de Paris, dans les catacombes où reposent les ossements de millions de Parisiens. Décidés à en finir une fois pour toutes, Valmont et Dubois se rendent dans les catacombes, armés de leurs épées, de leurs pistolets et de la foi qui les anime.

    L’atmosphère dans les catacombes est suffocante, chargée de l’odeur de la mort et de la poussière. Les galeries s’étendent à perte de vue, un labyrinthe d’ossements et de crânes qui donnent la chair de poule. Valmont et Dubois avancent prudemment, éclairant leur chemin avec des torches. Soudain, un bruit étrange retentit, un grattement sourd qui semble provenir des profondeurs de la terre. Ils s’arrêtent, tendent l’oreille, et réalisent que le bruit se rapproche, qu’il est de plus en plus fort.

    Une ombre se dessine au bout d’une galerie, une silhouette monstrueuse aux yeux rougeoyants. La créature se jette sur eux, poussant un hurlement bestial. Dubois tire son pistolet et fait feu, mais les balles semblent glisser sur la peau de la bête. Valmont dégaine son épée et se lance à l’attaque, frappant avec force et détermination. Le combat est acharné, une lutte à mort dans les ténèbres des catacombes. Finalement, après de longues minutes de combat, Valmont parvient à planter son épée dans le cœur de la créature. La bête pousse un dernier hurlement et s’effondre, se transformant en une masse informe de poussière et d’ossements.

    Valmont et Dubois sortent des catacombes, épuisés mais victorieux. Le soleil se lève sur Paris, chassant les ténèbres et apportant un nouveau jour d’espoir. Ils savent que la menace démoniaque n’est peut-être pas complètement éradiquée, mais ils ont prouvé que le Guet Royal est capable de défendre Paris contre les forces du mal, qu’elles viennent de l’extérieur ou de l’intérieur. Et tant qu’il y aura des hommes comme Valmont et Dubois pour veiller sur la ville, Paris pourra dormir tranquille, protégée par l’élixir et l’exorcisme, par la foi et le courage.

    Ainsi s’achève, chers lecteurs, ce récit des plus extraordinaires. N’oubliez jamais que derrière le vernis de la civilisation, les forces obscures rôdent, prêtes à bondir. Mais tant que le Guet Royal veille, l’espoir demeure. Et que Dieu protège Paris!

  • La Nuit des Sorts: Le Guet Royal Affronte la Magie la Plus Sombre

    La Nuit des Sorts: Le Guet Royal Affronte la Magie la Plus Sombre

    Mes chers lecteurs, préparez-vous à une descente vertigineuse dans les bas-fonds de Paris, là où l’ombre et la lumière se disputent les âmes. Oubliez les salons dorés et les bals étincelants; ce soir, nous suivrons le Guet Royal, cette sentinelle de la nuit, dans une aventure qui défie l’entendement, une nuit où la magie la plus sombre se réveillera sous le ciel plombé de la capitale. Car croyez-moi, derrière la façade de la Belle Époque, sous les pavés luisants de la pluie, rôdent des forces que la raison seule ne saurait expliquer.

    La Seine, gonflée par les pluies d’automne, reflétait les rares lumières de la ville comme des yeux de chat guettant leur proie. Un vent glacial balayait les rues, emportant avec lui les murmures des passants pressés de rentrer chez eux. Mais pour le Guet Royal, la nuit ne faisait que commencer. Ce soir, ils étaient sur les dents, une rumeur persistante, un frisson d’angoisse palpable, avait gagné les rangs. On parlait de messes noires, de pactes avec les démons, de créatures immonde aperçues dans les cimetières désolés. Une nuit ordinaire, en somme, pour ceux qui veillaient sur la sécurité de la Ville Lumière… ou presque.

    Le Rapport du Père Dubois

    Le sergent Leclerc, un homme massif au visage buriné par le vent et les intempéries, écoutait attentivement le rapport du Père Dubois, curé de l’église Saint-Germain-des-Prés. Le prêtre, pâle et visiblement ébranlé, transpirait malgré le froid mordant.

    “Sergent,” commença le Père Dubois d’une voix tremblante, “des choses étranges se passent dans ma paroisse. Des disparitions, des rituels profanes, des symboles gravés sur les murs de l’église… et des chants, des chants qui glacent le sang.”

    Leclerc fronça les sourcils. “Des chants, Père ? De quelle nature ?”

    “Innommables, sergent, innommables. Des incantations dans une langue que je ne connais pas, mais dont la puissance maléfique est indéniable. Et ce n’est pas tout. Hier soir, j’ai vu… j’ai vu une ombre, une forme indistincte, planer au-dessus du cimetière. Elle semblait se nourrir de l’énergie des morts.”

    Leclerc était un homme pragmatique, peu enclin à croire aux histoires de fantômes. Mais l’état de terreur du Père Dubois était trop réel pour être ignoré. “Très bien, Père. Nous allons enquêter. Mais restez à l’abri, s’il vous plaît. Et priez pour nous.”

    Leclerc réunit son équipe, une poignée d’hommes courageux et dévoués, parmi lesquels se trouvaient le jeune garde Antoine, idéaliste et plein d’entrain, et le vétéran Moreau, un vieux briscard cynique mais efficace. “Messieurs,” annonça Leclerc, “nous avons une affaire délicate entre les mains. Des rumeurs de magie noire circulent, et le Père Dubois semble en être témoin. Nous allons patrouiller dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, et nous ouvrirons l’œil. Soyez vigilants, et ne vous laissez pas surprendre.”

    Dans les Ruelles de Saint-Germain

    La nuit était tombée, enveloppant le quartier de Saint-Germain-des-Prés d’un voile d’obscurité inquiétante. Les rues étaient désertes, les fenêtres closes. Seul le bruit de leurs pas résonnait sur les pavés humides. Antoine, le jeune garde, était nerveux. Il n’avait jamais été confronté à une situation de ce genre. La magie, les démons… tout cela lui semblait appartenir aux contes pour enfants, pas à la réalité.

    “Sergent,” chuchota Antoine, “vous croyez à ces histoires de magie ?”

    Leclerc soupira. “Je crois à ce que je vois, Antoine. Et j’ai vu des choses étranges dans ma carrière, des choses que je ne peux pas expliquer. Alors, que ce soit de la magie ou de la folie, nous devons rester prudents.”

    Soudain, un hurlement strident déchira le silence. Il venait du cimetière de l’église Saint-Germain-des-Prés. Leclerc donna le signal, et les gardes se précipitèrent vers le lieu du cri. En franchissant les grilles rouillées, ils furent accueillis par une vision d’horreur.

    Au milieu des tombes profanées, une silhouette sombre se dressait, entourée d’une aura de lumière verdâtre. Des chants gutturaux, provenant d’une gorge inconnue, s’élevaient vers le ciel étoilé. Autour de la silhouette, des corps mutilés gisaient sur le sol, des sacrifices offerts à une puissance maléfique.

    “Diable !” jura Moreau. “C’est donc vrai…”

    Leclerc dégaina son épée. “Guet Royal, à l’attaque ! Au nom de la loi et de la justice !”

    Le Combat contre l’Obscurité

    Le combat fut acharné. La silhouette sombre, qui se révéla être un sorcier aux pouvoirs immenses, lança des sorts et des malédictions sur les gardes. Des éclairs de lumière noire jaillissaient de ses mains, frappant les hommes avec une force dévastatrice. Antoine fut projeté à terre par une onde de choc, tandis que Moreau esquivait de justesse un rayon mortel.

    Leclerc, malgré son âge et son expérience, se battait avec une détermination farouche. Il savait que l’avenir de Paris était en jeu. Si ce sorcier parvenait à ses fins, la ville entière sombrerait dans le chaos et la terreur.

    « Pour la France ! » hurla Leclerc en chargeant le sorcier, son épée étincelant dans la nuit. Le sorcier, surpris par cette attaque audacieuse, vacilla. Leclerc profita de cet instant de faiblesse pour frapper avec toute sa force. L’épée traversa l’armure du sorcier et s’enfonça dans sa chair. Le sorcier poussa un cri de douleur et s’effondra sur le sol.

    Mais la victoire fut de courte durée. Alors que Leclerc se penchait sur le corps du sorcier, celui-ci ouvrit les yeux. Un sourire diabolique se dessina sur son visage. “Vous n’avez rien gagné,” murmura-t-il d’une voix rauque. “Ma mort ne fait que commencer…”

    Soudain, le ciel s’illumina d’une lumière aveuglante. Une force invisible s’abattit sur le cimetière, détruisant les tombes et les monuments. Les gardes furent projetés dans les airs comme des fétus de paille. Antoine, reprenant ses esprits, vit le corps du sorcier se désintégrer en poussière. Puis, tout redevint noir.

    Les Séquelles et les Questions Sans Réponse

    Le lendemain matin, le soleil se leva sur un Paris dévasté. Le cimetière de l’église Saint-Germain-des-Prés était en ruines. Les corps des victimes, à moitié enterrés sous les décombres, témoignaient de la violence de la nuit. Le Guet Royal, décimé, pansait ses plaies et tentait de comprendre ce qui s’était passé.

    Leclerc, malgré ses blessures, était déterminé à faire la lumière sur cette affaire. Il savait que le sorcier n’avait pas agi seul. Il y avait d’autres personnes impliquées, des complices qui l’avaient aidé à préparer son rituel maléfique. Mais qui étaient-ils ? Et quel était leur but ?

    Antoine, traumatisé par ce qu’il avait vu, avait perdu son innocence. Il avait découvert que le monde était plus complexe et plus sombre qu’il ne l’avait jamais imaginé. La magie existait, les démons aussi. Et le Guet Royal était la seule force capable de les combattre.

    L’enquête menée par Leclerc révéla l’existence d’une société secrète, les “Disciples de l’Ombre”, qui vouaient un culte à des divinités anciennes et maléfiques. Ces disciples, issus de toutes les couches de la société, complotaient pour renverser l’ordre établi et instaurer un règne de terreur. Le sorcier n’était qu’un pion dans leur plan machiavélique.

    Leclerc et le Guet Royal se lancèrent alors dans une chasse impitoyable aux Disciples de l’Ombre. Ils les traquèrent dans les catacombes de Paris, dans les salons secrets des nobles, dans les églises abandonnées. La lutte fut longue et sanglante, mais à la fin, les Disciples de l’Ombre furent vaincus.

    Cependant, la menace de la magie noire ne disparut jamais complètement. Elle resta tapie dans l’ombre, attendant son heure pour ressurgir. Et le Guet Royal, toujours vigilant, continua de veiller sur Paris, prêt à affronter les forces obscures qui menaçaient la Ville Lumière.

    La Nuit des Sorts, mes chers lecteurs, restera gravée dans les annales du Guet Royal comme une nuit de terreur et de sacrifices. Une nuit où le courage et la détermination ont triomphé de la magie la plus sombre, mais où les cicatrices, elles, demeureront à jamais. Et qui sait, peut-être, au détour d’une ruelle sombre, entendrez-vous encore le murmure des incantations, le souffle glacé de la peur… Car Paris, mes amis, recèle bien des mystères que l’on ne souhaite pas toujours percer.

  • Les Mousquetaires Noirs: Comment le Roi recrute ses Ombres!

    Les Mousquetaires Noirs: Comment le Roi recrute ses Ombres!

    Paris, 1822. Le pavé crissait sous les roues des carrosses, les lanternes jetaient une lueur tremblotante sur les visages pressés. Dans les salons feutrés du faubourg Saint-Germain, on chuchotait. Non pas sur les amours illicites des courtisanes, ni sur les dettes abyssales des ducs ruinés. Non, cette fois, les conversations se faisaient plus basses, plus anxieuses. On parlait d’ombres, d’hommes invisibles agissant pour le compte du Roi. On les appelait, avec un mélange de terreur et de fascination, les Mousquetaires Noirs.

    Nul n’osait affirmer connaître la vérité, mais les rumeurs enflaient, portées par le vent de la suspicion. On disait que le Roi, Charles X, inquiet de la montée des sociétés secrètes et des complots ourdis dans l’ombre, avait décidé de se doter d’une force occulte, une milice invisible capable de déjouer les conspirations avant même qu’elles ne prennent forme. Une force recrutée non pas parmi les nobles et les officiers, mais dans les bas-fonds de la société, parmi ceux qui n’avaient rien à perdre et tout à gagner en servant Sa Majesté avec une loyauté absolue, et, surtout, dans le plus grand secret. Le mystère planait, épais et suffocant, comme le brouillard sur la Seine.

    Le Cabinet des Ombres

    Le bureau de Monsieur de Valois, Préfet de Police, était plongé dans une obscurité étudiée. Seule une lampe à huile, posée sur son bureau massif, diffusait une lumière blafarde, à peine suffisante pour distinguer les traits anguleux de son visage. Il était assis, immobile, face à un homme enveloppé dans un manteau sombre, dont seul le regard perçant trahissait une intelligence acérée. Cet homme, connu uniquement sous le nom de code “Le Faucon”, était le recruteur en chef des Mousquetaires Noirs.

    “Alors, Faucon, où en sommes-nous?” demanda de Valois, sa voix à peine audible.

    Le Faucon s’avança, un sourire imperceptible flottant sur ses lèvres. “Les candidats sont prometteurs, Préfet. Des gueux, des voleurs, d’anciens soldats déchus, tous prêts à vendre leur âme au plus offrant. Mais parmi eux, quelques diamants bruts, des hommes capables d’une loyauté farouche, d’une cruauté sans remords. Exactement ce dont Sa Majesté a besoin.”

    “La discrétion est primordiale, Faucon. Le Roi ne doit pas être éclaboussé si ces hommes venaient à commettre quelque impair.”

    “Ne vous inquiétez pas, Préfet. Ils sont formés pour disparaître, pour agir dans l’ombre, sans laisser de traces. Ils ne sont que des ombres au service du Roi.” Le Faucon sortit de sa poche une liste manuscrite. “Voici les noms des trois derniers sélectionnés. Jean-Luc Dubois, ancien soldat de la Garde Impériale, virtuose au sabre. Marie Leduc, pickpocket d’une habileté diabolique, capable de dérober les secrets les mieux gardés. Et enfin, Antoine Moreau, ancien apothicaire, maître dans l’art des poisons et des breuvages soporifiques.”

    De Valois hocha la tête. “Qu’ils soient à la hauteur. L’avenir du Royaume pourrait bien dépendre de leur succès… et de leur silence.”

    L’Épreuve du Feu

    Jean-Luc Dubois, le corps marqué par les cicatrices des batailles napoléoniennes, sentait le regard brûlant du Faucon posé sur lui. Il se tenait, droit comme un i, dans une cour désolée, entouré d’une dizaine d’autres candidats, tous plus misérables les uns que les autres. Au centre de la cour, un mannequin de bois, représentant un officier ennemi, attendait d’être lacéré.

    “Vous allez prouver votre valeur,” tonna le Faucon, sa voix résonnant dans la cour. “Vous allez montrer que vous êtes capables de tuer, sans hésitation, sans remords. Le premier qui abat le mannequin avec une seule frappe sera sélectionné pour la prochaine épreuve.”

    Dubois serra les dents. Il avait vu la mort de près, il avait tué pour survivre. Mais tuer sur ordre, au nom d’un Roi qu’il ne connaissait pas, était une autre affaire. Pourtant, la faim le tenaillait, et la promesse d’une vie meilleure, même dans l’ombre, était trop forte pour être ignorée.

    Il s’avança, dégainant son sabre avec une rapidité fulgurante. Le métal étincela au soleil, puis fendit l’air avec un sifflement sinistre. La tête du mannequin roula sur le sol, sous les regards ébahis des autres candidats. Dubois avait passé l’épreuve du feu, avec une froideur qui glaça le sang du Faucon.

    Les Murmures de la Rue

    Marie Leduc, agile comme un chat, se faufilait dans les ruelles sombres du quartier des Halles. Son visage, habituellement dissimulé sous un capuchon, était tendu par la concentration. Elle avait une mission : dérober une lettre compromettante au Comte de Montaigne, un noble influent soupçonné de comploter contre le Roi.

    Le Comte, escorté par deux gardes du corps massifs, sortit d’une taverne mal famée. Marie savait qu’elle n’aurait qu’une seule chance. Elle se glissa derrière lui, ses doigts agiles effleurant sa poche. En un éclair, la lettre était sienne. Mais l’un des gardes, sentant un mouvement suspect, se retourna.

    “Halte-là! Que faites-vous?” gronda-t-il, sa main se posant sur la garde de son épée.

    Marie, sans perdre son sang-froid, jeta une poignée de poudre aveuglante au visage du garde, puis disparut dans le dédale des ruelles, laissant derrière elle un nuage de confusion et de colère. Elle avait réussi. Elle avait prouvé qu’elle était capable d’obtenir les informations les plus sensibles, même au péril de sa vie.

    Le Serment des Ombres

    Les trois recrues, Dubois, Leduc et Moreau, se tenaient devant le Faucon, dans une crypte sombre éclairée par des torches. Leurs visages étaient graves, leurs cœurs battant la chamade. Ils étaient sur le point de prêter serment, de devenir les Mousquetaires Noirs du Roi.

    “Vous allez jurer,” commença le Faucon, sa voix résonnant dans la crypte, “fidélité absolue à Sa Majesté le Roi Charles X. Vous allez obéir à ses ordres sans poser de questions, sans hésitation. Vous allez agir dans l’ombre, sans chercher la gloire, sans attendre de récompenses. Votre existence sera un secret, votre identité effacée. Êtes-vous prêts à sacrifier tout ce que vous êtes pour servir le Roi?”

    Dubois, Leduc et Moreau échangèrent un regard. Ils savaient qu’ils franchissaient un point de non-retour. Ils abandonnaient leur passé, leur liberté, leur vie même. Mais ils acceptaient le marché. Ils avaient soif de vengeance, de pouvoir, de reconnaissance. Et le Roi, à travers le Faucon, leur offrait tout cela, en échange de leur âme.

    “Nous jurons,” répondirent-ils en chœur, leurs voix brisant le silence de la crypte. Le serment était prononcé. Les Mousquetaires Noirs étaient nés.

    Le Premier Sang

    La première mission des Mousquetaires Noirs fut aussi la plus sanglante. Le Comte de Montaigne, celui-là même que Marie Leduc avait dépouillé de sa lettre compromettante, était devenu une menace trop importante pour être ignorée. Le Roi avait ordonné son élimination.

    Dubois, Leduc et Moreau se rendirent au manoir du Comte, une nuit sans lune. Dubois et Leduc se chargèrent de neutraliser les gardes, tandis que Moreau, discret et silencieux, se glissa dans la chambre du Comte. Il lui injecta une dose mortelle d’un poison indétectable, puis disparut sans laisser de traces.

    Le lendemain matin, le Comte de Montaigne fut retrouvé mort dans son lit. La cause du décès fut attribuée à une crise cardiaque. Personne ne soupçonna l’intervention des Mousquetaires Noirs. Le Roi était satisfait. Ses ombres avaient frappé juste, et sans bruit.

    Ainsi débuta le règne des Mousquetaires Noirs. Ils agirent dans l’ombre, déjouant les complots, éliminant les ennemis, assurant la sécurité du Roi. Leur existence resta un secret bien gardé, mais leur légende grandit, alimentée par les rumeurs et les disparitions mystérieuses. On disait qu’ils étaient les yeux et les oreilles du Roi, ses bras vengeurs, ses instruments de terreur. Et personne, dans le Paris de Charles X, n’osait contester leur pouvoir.

    Le Roi avait recruté ses ombres, et avec elles, il avait plongé le Royaume dans une ère de suspicion et de paranoïa. Mais le pouvoir, n’est-ce pas, est toujours une affaire d’ombre et de lumière? Et les Mousquetaires Noirs, ces fils de la nuit, étaient là pour s’assurer que l’ombre, en France, reste toujours au service du trône.