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  • Les Victimes Oubliées du Guet Royal: Récits de Meurtres et d’Injustice

    Les Victimes Oubliées du Guet Royal: Récits de Meurtres et d’Injustice

    Paris, fumante et grouillante, s’éveille chaque matin sous le regard indifférent du soleil. Mais derrière les façades élégantes du Palais-Royal et les rires bruyants des cafés du Marais, une ombre tenace s’étend. Une ombre tissée de secrets, de mensonges et, surtout, de sang. Car sous le règne de Louis-Philippe, roi bourgeois d’une France en mutation, la mort rôde, silencieuse et impitoyable, laissant derrière elle des victimes oubliées, englouties par les eaux troubles de l’indifférence royale et l’inefficacité chronique du Guet Royal.

    Chaque soir, lorsque les lanternes projettent leurs lueurs vacillantes sur les pavés glissants, ces hommes du Guet, censés protéger la population, se transforment souvent en spectateurs passifs, voire, murmure-t-on dans les bas-fonds, en complices tacites. Ils sont les gardiens d’une paix illusoire, incapables d’endiguer la vague de criminalité qui déferle sur la capitale. Et leurs rapports, souvent bâclés, entachés de préjugés et de corruption, contribuent à l’oubli de ceux qui ont péri dans l’ombre. Ce sont ces histoires que je me propose de vous conter, chers lecteurs. Des histoires de meurtres et d’injustice, d’âmes perdues et de secrets enfouis, des histoires que le Guet Royal préférerait voir à jamais enterrées sous le silence.

    La Mort de la Modiste du Faubourg Saint-Antoine

    La première affaire qui me hante est celle de Marie-Thérèse Dubois, une modiste du Faubourg Saint-Antoine, retrouvée étranglée dans son atelier exigu. Une jeune femme de vingt-deux ans, aux doigts agiles et au sourire prometteur, réduite au silence par une main invisible. Le rapport du Guet, lapidaire et froid, concluait à un “crime passionnel, auteur inconnu”. Une conclusion hâtive, bâclée, qui ne tenait compte ni des témoignages des voisins, ni des étranges allées et venues observées les jours précédant le drame.

    J’ai interrogé Madame Leblanc, la boulangère du coin, une femme au regard vif et à la mémoire infaillible. “Marie-Thérèse était une travailleuse acharnée,” m’a-t-elle confié, en essuyant la farine de ses mains. “Elle avait du talent, beaucoup de talent. Mais elle était aussi courtisée, vous savez. Il y avait ce jeune tailleur, Paul, qui était fou d’elle. Mais il y avait aussi un monsieur plus âgé, un bourgeois bien mis, qui venait souvent lui rendre visite. Il portait toujours un chapeau haut-de-forme et avait une cicatrice sur la joue.”

    Paul, le jeune tailleur, était inconsolable. Il jurait son innocence, les yeux rougis par les larmes. “Je l’aimais, Monsieur,” sanglotait-il. “Je n’aurais jamais pu lui faire de mal. La veille de sa mort, elle m’a dit qu’elle était effrayée. Elle avait reçu une lettre anonyme, pleine de menaces. Elle pensait que c’était le bourgeois, celui qui lui offrait des bijoux et des robes coûteuses.”

    J’ai tenté d’enquêter sur ce mystérieux bourgeois, mais les informations étaient rares. Le Guet, contacté à nouveau, s’est montré peu coopératif, arguant que l’affaire était close. Mais je sentais, au plus profond de moi-même, que la vérité était ailleurs, enfouie sous les mensonges et l’indifférence.

    Le Mystère de l’Apothicaire de la Rue Saint-Honoré

    Quelques mois plus tard, un autre crime frappa la capitale. Monsieur Dubois, un apothicaire respecté de la Rue Saint-Honoré, fut retrouvé mort dans sa boutique, empoisonné par une substance inconnue. Cette fois, le Guet sembla plus diligent, interrogeant les employés, les clients, les voisins. Mais là encore, l’enquête patine. Le rapport concluait à un “suicide probable, dû à des difficultés financières”. Une explication simpliste, qui ne tenait pas compte de la personnalité de la victime.

    Monsieur Dubois était un homme discret, certes, mais il était aussi connu pour sa générosité et son dévouement à son métier. Il aidait les pauvres, soignait les malades, et passait ses nuits à préparer des remèdes. Pourquoi un homme aussi altruiste se serait-il donné la mort ?

    En fouillant dans les archives de la police, j’ai découvert un détail troublant. Quelques semaines avant sa mort, Monsieur Dubois avait signalé au Guet le vol d’un flacon contenant un poison puissant, un poison rare et difficile à se procurer. Le Guet avait enregistré sa plainte, mais n’avait entrepris aucune investigation. Un détail crucial, qui suggérait que le meurtre de l’apothicaire n’était pas un suicide, mais un acte prémédité.

    J’ai rencontré la fille de l’apothicaire, une jeune femme fragile et effrayée. “Mon père était inquiet,” m’a-t-elle confié, les larmes aux yeux. “Il avait découvert quelque chose d’important, quelque chose qui le mettait en danger. Il me disait de me méfier de tout le monde, même de ses amis les plus proches.”

    Qui avait intérêt à tuer Monsieur Dubois ? Et quel secret avait-il découvert ? Ces questions restaient sans réponse, étouffées par le silence complice du Guet Royal.

    L’Affaire du Joueur de Flûte du Pont Neuf

    Le Pont Neuf, théâtre de mille et un spectacles, fut le témoin silencieux d’une autre tragédie. Un jeune joueur de flûte, talentueux et apprécié des passants, fut retrouvé poignardé un soir d’orage. Le Guet, fidèle à sa réputation, conclut rapidement à un “règlement de compte entre musiciens rivaux”. Une hypothèse absurde, qui ne tenait pas compte de la personnalité du jeune homme.

    Jean-Baptiste, de son vrai nom, était un artiste sensible et rêveur, plus intéressé par la musique que par la compétition. Il vivait modestement de ses quelques sous, mais il était heureux. Pourquoi quelqu’un l’aurait-il tué ?

    En interrogeant les habitués du Pont Neuf, j’ai appris que Jean-Baptiste avait une particularité : il était capable de reproduire à la flûte le chant des oiseaux. Un don rare, qui attirait l’attention des passants, mais aussi, semble-t-il, celle d’un homme étrange. Un homme bien vêtu, au regard froid et perçant, qui venait souvent l’écouter jouer. Cet homme, selon les témoins, semblait fasciné par la musique de Jean-Baptiste, mais il ne lui adressait jamais la parole.

    J’ai tenté de retrouver cet homme mystérieux, mais en vain. Le Guet, une fois de plus, s’est montré indifférent. “Un simple joueur de flûte,” m’ont-ils dit avec dédain. “Sa mort n’a aucune importance.”

    Mais pour moi, la mort de Jean-Baptiste avait une importance. Elle était le symbole de l’injustice, de l’indifférence, du mépris que le Guet Royal portait aux plus faibles. Elle était la preuve que dans cette ville en pleine mutation, la vie d’un simple artiste ne valait pas plus qu’une chanson oubliée.

    Le Dénouement: Un Cri d’Indignation

    Ces trois affaires, chers lecteurs, ne sont que la pointe de l’iceberg. Elles témoignent d’une réalité sombre et inquiétante, celle d’une justice défaillante, d’une police corrompue, d’une société indifférente au sort des plus vulnérables. Les victimes oubliées du Guet Royal sont légions, et leurs histoires méritent d’être racontées, non pas pour alimenter le voyeurisme malsain, mais pour réveiller les consciences, pour exiger une justice plus équitable, pour que plus jamais la mort ne rôde impunément dans les rues de Paris.

    Je sais que mes écrits dérangent, que mes révélations déplaisent. Mais je ne me tairai pas. Tant que le Guet Royal continuera à fermer les yeux sur les crimes qui se commettent dans l’ombre, je continuerai à dénoncer l’injustice, à donner une voix à ceux qui ont été réduits au silence. Car la mémoire des victimes est notre seule arme contre l’oubli et l’indifférence. Et cette mémoire, je la garderai précieusement, comme un flambeau dans la nuit.

  • Le Guet Royal et le Mystère des Meurtres Impunis: Enquête au Coeur de la Nuit

    Le Guet Royal et le Mystère des Meurtres Impunis: Enquête au Coeur de la Nuit

    Paris s’endormait, mais pas pour tous. Sous le voile d’encre qui recouvrait la capitale, une autre ville se réveillait, une ville d’ombres et de secrets, peuplée de coupe-jarrets, de courtisanes voilées, et de mystères impénétrables. La Seine, tel un serpent d’argent, reflétait les rares lumières vacillantes, les lanternes du Guet Royal, ces veilleurs nocturnes dont la mission, souvent vaine, était de maintenir un semblant d’ordre dans ce chaos nocturne. Or, depuis quelques semaines, une ombre plus sinistre encore planait sur la ville : des meurtres. Des assassinats brutaux, inexplicables, et surtout… impunis. Des crimes qui semblaient défier le Guet lui-même, le narguant du fond des ruelles obscures.

    Le pavé, froid et humide, résonnait sous les pas précipités du Sergent-Major Antoine Dubois, un vétéran de la Garde Royale, dont la moustache broussailleuse cachait mal l’inquiétude qui le rongeait. Chaque nouveau cadavre, chaque énigme irrésolue, était une gifle à son honneur, une tache indélébile sur sa réputation. Ce soir, l’appel était venu de la rue Saint-Honoré, non loin du Palais Royal, un quartier pourtant réputé pour sa richesse et sa tranquillité. L’ironie était cruelle.

    La Rue Saint-Honoré et le Spectre de la Mort

    La scène était sordide. Le corps, celui d’un riche marchand de soieries nommé Monsieur Lefèvre, gisait dans une mare de sang, la gorge tranchée avec une précision chirurgicale. Autour de lui, le luxe habituel de la rue semblait presque obscène, un contraste macabre qui accentuait l’horreur du spectacle. Dubois s’agenouilla, inspectant les lieux avec l’œil exercé d’un vieux soldat. Pas de signes de lutte, pas d’effraction. La victime connaissait-elle son agresseur ? L’avait-elle laissée entrer ?

    “Rien, Sergent-Major,” rapporta un jeune garde, le visage pâle. “Les voisins n’ont rien entendu. La rue était déserte. On dirait un fantôme qui a frappé.”

    Dubois grogna. “Des fantômes ? Laissez les fantômes aux poètes, Dupont. Nous avons affaire à un assassin, un homme de chair et d’os, et il faudra bien le démasquer.” Il remarqua une petite boîte en argent, finement ciselée, à quelques pas du corps. Il l’ouvrit. Elle était vide. “Une boîte à tabatière… Peut-être un indice. Ramassez-la avec précaution.”

    Alors qu’il se relevait, son regard fut attiré par une ombre furtive, se faufilant entre les immeubles. “Hé là ! Qui va là ?” cria-t-il, mais la silhouette avait déjà disparu dans le labyrinthe des ruelles adjacentes. Dubois jura. Il sentait que cette nuit, la mort lui avait effleuré le visage, le narguant une fois de plus.

    Les Bas-Fonds et les Secrets des Ombres

    Frustré par le manque de preuves, Dubois décida de s’aventurer dans les bas-fonds de la ville, là où la justice du Roi avait moins de prise, là où les secrets se murmuraient à voix basse dans les tripots et les bouges enfumés. Il connaissait les lieux, les visages, les codes. Il savait que c’était là, dans cette pépinière de vices et de misère, qu’il trouverait peut-être une piste, une rumeur, une bribe d’information.

    Il se rendit au “Chat Noir”, un cabaret sordide situé dans le quartier des Halles. La fumée âcre du tabac et l’odeur de l’alcool bon marché lui piquèrent les yeux. Des prostituées dépenaillées et des joueurs d’argent aux mines patibulaires le dévisagèrent avec méfiance. Il s’approcha du comptoir, où un homme à la figure balafrée, connu sous le nom de “Le Borgne”, nettoyait des verres avec un chiffon douteux.

    “Le Borgne,” dit Dubois, sa voix grave résonnant dans le brouhaha. “J’ai besoin d’informations. Un homme a été assassiné rue Saint-Honoré. Un marchand de soieries. Lefèvre.”

    Le Borgne haussa un sourcil. “Les affaires de la haute société ne sont pas mon rayon, Sergent-Major.”

    Dubois posa une pièce d’or sur le comptoir. “Peut-être que ça le deviendra. J’ai entendu dire que tu avais des oreilles partout.”

    Le Borgne ramassa la pièce avec une rapidité surprenante. “J’ai entendu des choses… Des rumeurs… On parle d’un homme qui tue pour le plaisir, un dandy cruel qui se joue de la police. On l’appelle ‘Le Faucon’.”

    “Le Faucon ?” Dubois fronça les sourcils. “Je n’ai jamais entendu ce nom.”

    “C’est un nom d’ombre, Sergent-Major. Un nom qui ne se prononce qu’à voix basse, dans les coins les plus sombres de la ville. On dit qu’il est riche, puissant, intouchable.”

    Le Palais Royal et les Intrigues de la Cour

    Les paroles du Borgne résonnèrent dans l’esprit de Dubois. Un dandy cruel, riche et intouchable… Cela ne pouvait signifier qu’une chose : l’assassin se cachait parmi les nobles de la cour. L’idée était effrayante. Enquêter sur la noblesse, c’était jouer avec le feu, risquer de se brûler les ailes. Mais Dubois n’avait pas le choix. L’honneur du Guet Royal était en jeu.

    Il se rendit au Palais Royal, où il demanda à être reçu par le Comte de Valois, un influent conseiller du Roi, connu pour son intelligence et sa discrétion. Le Comte accepta de le recevoir dans son cabinet privé, une pièce somptueusement décorée, éclairée par des chandeliers en argent.

    “Sergent-Major Dubois,” dit le Comte, son regard perçant analysant le policier. “Je suis au courant des meurtres qui affligent la ville. Le Roi est préoccupé. Comment puis-je vous aider ?”

    Dubois expliqua ce qu’il savait, parlant du Faucon et de ses soupçons concernant la noblesse. Le Comte écouta attentivement, sans l’interrompre.

    “Vos soupçons sont graves, Sergent-Major,” dit-il enfin. “Mais je dois vous avertir. Enquêter sur la noblesse est une entreprise délicate. Vous devrez faire preuve de prudence et de discrétion. Le moindre faux pas pourrait avoir des conséquences désastreuses.”

    Dubois acquiesça. “Je suis conscient des risques, Monsieur le Comte. Mais je ne peux pas rester les bras croisés alors que un assassin se joue de nous.”

    Le Comte soupira. “Très bien. Je vais vous donner accès aux archives du Palais. Vous y trouverez peut-être des informations utiles. Mais rappelez-vous, Sergent-Major : la vérité a parfois un prix très élevé.”

    La Vérité Éclate dans les Catacombes

    Les archives du Palais se révélèrent être une mine d’informations. Dubois passa des jours entiers à éplucher des documents poussiéreux, des lettres compromettantes, des registres de dépenses. Il finit par tomber sur un nom qui attira son attention : le Marquis de Saint-Luc, un jeune noble arrogant et débauché, connu pour ses dettes de jeu et ses liaisons scandaleuses. Il avait également une réputation de duelliste impitoyable, un homme capable de tuer de sang-froid.

    Dubois découvrit également que le Marquis était un collectionneur passionné de tabatières anciennes. Et, plus troublant encore, il avait contracté une dette importante auprès de Monsieur Lefèvre, le marchand de soieries assassiné.

    Dubois sentit le puzzle se mettre en place. Le Marquis de Saint-Luc était le Faucon. Il avait tué Lefèvre pour effacer sa dette, et il continuait à tuer pour le plaisir, pour prouver son pouvoir et son impunité.

    Dubois savait qu’il devait agir vite. Mais il savait aussi que le Marquis était protégé par son rang et ses relations. Il lui fallait une preuve irréfutable, un témoin, quelque chose qui puisse le confondre sans l’ombre d’un doute.

    Il se souvint d’une rumeur, une rumeur persistante qui circulait dans les bas-fonds : on disait que le Marquis avait l’habitude de se rendre dans les catacombes de Paris, où il organisait des soirées macabres avec ses amis. Dubois décida de tenter sa chance.

    Il s’aventura dans les catacombes, un labyrinthe d’ossements et de ténèbres. L’air était froid et humide, imprégné d’une odeur de mort. Il progressa prudemment, guidé par le faible faisceau de sa lanterne. Soudain, il entendit des voix, des rires étouffés, des bruits de verres qui s’entrechoquaient.

    Il s’approcha, et ce qu’il vit le glaça le sang. Une dizaine de nobles, dont le Marquis de Saint-Luc, étaient assis autour d’une table, buvant et jouant aux cartes. Au centre de la table, il y avait un crâne humain. Et sur le crâne, une tabatière en argent, finement ciselée, la même que celle qu’il avait trouvée sur le lieu du crime rue Saint-Honoré.

    Dubois sortit de l’ombre, son pistolet à la main. “Au nom du Roi !” cria-t-il. “Vous êtes tous en état d’arrestation !”

    Le Marquis se leva, un sourire narquois sur le visage. “Sergent-Major Dubois… Quelle surprise. Je ne m’attendais pas à vous voir ici.”

    “Assez de comédie, Marquis,” dit Dubois. “Je sais que vous êtes le Faucon. Je sais que vous avez tué Lefèvre.”

    Le Marquis éclata de rire. “Vous n’avez aucune preuve.”

    “J’ai cette tabatière,” dit Dubois, montrant l’objet. “Elle a été trouvée sur le lieu du crime. Et elle vous appartient.”

    Le Marquis hésita. Il comprit que la partie était perdue. Il sortit son épée, prêt à se battre. Mais Dubois était plus rapide. Il tira. Le Marquis s’écroula, mort sur le coup.

    Les autres nobles, terrifiés, se rendirent sans résistance. Le mystère des meurtres impunis était enfin résolu. Le Faucon était mort. La justice, bien que tardive, avait triomphé.

    Paris se réveilla sous un ciel gris, ignorant les drames qui s’étaient joués dans l’ombre. Le Guet Royal, sous la direction du Sergent-Major Dubois, avait rétabli l’ordre, au prix d’un sacrifice. Mais Dubois savait que les ténèbres ne disparaîtraient jamais complètement. Elles se tapiraient toujours dans les ruelles obscures, prêtes à ressurgir au moment le moins attendu. Et le Guet Royal, toujours vigilant, serait là pour les affronter.

  • Le Guet Royal face à l’Ombre: Quand les Voleurs Défient la Nuit Parisienne!

    Le Guet Royal face à l’Ombre: Quand les Voleurs Défient la Nuit Parisienne!

    Paris, mille huit cent trente. Une nuit d’encre, épaisse et perfide, s’étend sur la capitale comme un linceul. Seules les lanternes à gaz, tremblotantes et parcimonieuses, osent défier les ténèbres, jetant des flaques de lumière vacillantes sur les pavés luisants. Dans l’ombre, cependant, une autre ville s’éveille, une ville de murmures furtifs, de silhouettes insaisissables, et de crimes audacieux. Les riches hôtels du faubourg Saint-Germain et les modestes mansardes des quartiers populaires, tous tremblent sous la menace invisible qui rôde : les voleurs, les cambrioleurs, les maîtres de la nuit parisienne, défiant ouvertement le Guet Royal.

    Le vent froid de novembre siffle à travers les rues, emportant avec lui les échos des rires gras sortant des cabarets et les gémissements des misérables dormant sur les bancs publics. C’est dans ce chaos nocturne que l’on entend, parfois, le bruit discret d’une vitre brisée, le grincement d’une porte forcée, ou le pas feutré d’un homme se faufilant dans une ruelle obscure. Car la nuit parisienne est un terrain de jeu pour ceux qui n’ont rien à perdre, et tout à gagner. Et le Guet Royal, malgré ses efforts, semble bien impuissant face à cette armée invisible, disséminée, et implacable.

    Le Mystère de la Rue Saint-Honoré

    L’affaire avait débuté comme tant d’autres : un simple rapport de vol. Madame la Comtesse de Valois, une dame d’un certain âge, mais d’une fortune considérable, avait découvert au matin que son collier de diamants, héritage de sa grand-mère, avait disparu de son coffre-fort. L’hôtel particulier de la rue Saint-Honoré, pourtant gardé par deux valets et un dogue allemand particulièrement féroce, avait été visité sans laisser la moindre trace d’effraction. Le Commissaire Leclerc, un homme corpulent au visage rougeaud et à la moustache touffue, fut chargé de l’enquête. Il était réputé pour sa perspicacité, mais aussi pour son penchant prononcé pour le cognac.

    « Pas de fenêtre forcée, pas de porte fracturée, » grommelait Leclerc en inspectant le coffre-fort vide. « C’est comme si le voleur s’était volatilisé. Ou… » Il s’arrêta, son regard perçant scrutant les moindres détails de la pièce. « Ou qu’il possédait la clé. » Il interrogea la Comtesse, les valets, la cuisinière, mais personne ne semblait avoir la moindre idée de la façon dont un tel vol avait pu être commis. Le dogue, lui, n’avait pas aboyé, ne semblait pas avoir été dérangé. Le mystère s’épaississait comme le brouillard sur la Seine.

    Un soir, alors que Leclerc se désespérait dans son bureau, une silhouette discrète frappa à sa porte. C’était un jeune homme, visiblement effrayé, qui se présenta comme un ancien apprenti serrurier. « Monsieur le Commissaire, » balbutia-t-il, « j’ai entendu parler du vol chez Madame de Valois. Je crois… je crois que je sais qui l’a commis. » Il expliqua qu’un certain “Maître Renard”, un serrurier autrefois réputé, mais désormais déchu et vivant dans les bas-fonds, était capable d’ouvrir n’importe quel coffre-fort, même les plus sophistiqués. Et il avait une réputation de fréquenter les pires bandits de la ville. Leclerc, sentant une piste prometteuse, décida d’agir immédiatement.

    Dans les Bas-Fonds de la Villette

    Le quartier de la Villette, un labyrinthe de ruelles sombres et de tavernes mal famées, était le repaire de Maître Renard. Leclerc, accompagné de deux de ses meilleurs agents, s’y aventura avec prudence, les pistolets chargés et le cœur battant. L’odeur de la misère, de l’alcool et de la boue leur prenait à la gorge. Des ombres louches les suivaient du regard, des silhouettes menaçantes se fondaient dans l’obscurité.

    Ils finirent par trouver la cahute de Maître Renard, une masure délabrée à l’odeur pestilentielle. La porte était entrouverte. Leclerc la poussa avec précaution. À l’intérieur, un homme squelettique, aux cheveux gras et au regard hagard, était penché sur un établi, manipulant des outils rouillés. « Maître Renard ? » demanda Leclerc d’une voix forte. L’homme sursauta, laissant tomber une lime. « Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? » répondit-il d’une voix rauque. « Je suis le Commissaire Leclerc. Nous avons des questions à vous poser concernant le vol chez Madame la Comtesse de Valois. »

    Maître Renard nia tout en bloc, jurant qu’il n’avait rien à voir avec ce vol. Mais Leclerc n’était pas dupe. Il fouilla la cahute de fond en comble et finit par découvrir, caché sous un tas de chiffons, un jeu de clés finement travaillées, capables d’ouvrir les coffres-forts les plus complexes. « Ces clés, Maître Renard, expliquez-moi leur présence ici. » Renard, pris au piège, finit par avouer. Il avait été contacté par un certain “Le Serpent”, un chef de bande redouté, qui lui avait promis une somme considérable en échange de ses services. Il avait ouvert le coffre-fort de Madame de Valois, et Le Serpent avait emporté le collier. Il ignorait où il se trouvait désormais.

    La Traque du Serpent

    Le Serpent était une légende dans le milieu du crime parisien. On disait qu’il était capable de se faufiler partout, de manipuler les gens, et de disparaître sans laisser de traces. Le Commissaire Leclerc savait que le capturer serait une tâche ardue, mais il était déterminé à le faire. Il mobilisa toutes ses ressources, interrogea ses informateurs, et lança une vaste opération de surveillance dans les quartiers les plus mal famés de la ville.

    Après plusieurs jours de recherches infructueuses, un de ses agents lui rapporta une information cruciale. Le Serpent avait été aperçu dans un tripot clandestin du quartier du Temple, un lieu de perdition où se côtoyaient joueurs compulsifs, prostituées et malfrats de toutes sortes. Leclerc organisa un raid surprise, espérant prendre Le Serpent au dépourvu. La descente fut violente. Les joueurs se dispersèrent dans la panique, les prostituées hurlèrent, et les agents du Guet Royal se lancèrent à la poursuite des criminels.

    Leclerc finit par repérer Le Serpent, un homme grand et mince, au visage émacié et aux yeux perçants. Il le poursuivit à travers les couloirs labyrinthiques du tripot, esquivant les coups de couteau et les chaises brisées. La course-poursuite se termina dans une ruelle sombre, où Le Serpent, acculé, sortit un pistolet. « Arrêtez-vous, Commissaire, ou je tire ! » cria-t-il. Leclerc, sans hésiter, sortit son propre pistolet. « Vous n’avez aucune chance, Le Serpent. Rendez-vous ! » Un silence pesant s’installa, brisé seulement par le bruit des gouttes de pluie tombant sur les pavés. Puis, d’un coup sec, un coup de feu retentit.

    Le Collier Retrouvé

    Le Serpent, touché à l’épaule, s’écroula au sol. Leclerc le maîtrisa et le fit emmener au poste de police. Interrogé, Le Serpent finit par avouer qu’il avait caché le collier de diamants dans un endroit sûr, un ancien puits désaffecté situé dans un jardin abandonné. Leclerc envoya immédiatement des agents récupérer le précieux bijou. Le collier fut restitué à Madame la Comtesse de Valois, qui, soulagée et reconnaissante, remercia chaleureusement le Commissaire Leclerc.

    L’affaire fut un succès pour le Guet Royal, une victoire contre l’ombre qui planait sur Paris. Le Serpent fut condamné à une longue peine de prison, Maître Renard fut envoyé aux galères, et la Comtesse de Valois put enfin dormir sur ses deux oreilles. Cependant, Leclerc savait que ce n’était qu’une bataille gagnée dans une guerre sans fin. Car la nuit parisienne, toujours aussi sombre et mystérieuse, continuerait d’abriter les voleurs, les cambrioleurs, et tous ceux qui osent défier la loi. Et le Guet Royal, toujours vigilant, devrait continuer à veiller, à traquer, et à combattre les forces de l’ombre, pour protéger la tranquillité de la capitale.